Accepter la disruption
Huit points cardinaux pour s'orienter dans l'année du serpent
Si le calendrier affiche déjà 2025, pour les investisseurs, la nouvelle année ne commencera vraiment que plus tard, en janvier. Le 20 janvier, Donald Trump sera investi en tant que 47e président des États-Unis d’Amérique et mettra en œuvre son programme « America First » (l’Amérique d’abord). Quelques jours plus tard, le 29 janvier, une grande partie de l’Asie sera paralysée par la célébration du Nouvel An lunaire et de la fête de l’Indépendance. L’année du serpent s’ouvre. 2025 promet d’être une année au cours de laquelle les investisseurs devront rester attentifs à ce qui se passe dans leur pays mais aussi à Pékin et à Mar-a-Lago – et potentiellement dans des lieux plus éloignés, tels que le Groenland ou le Panama.
Après deux années de solides performances (voir graphique 1), nous restons optimistes à l’égard des actions mondiales, mais nous sommes conscients des trous d’air potentiels sur les trajectoires de vol des investisseurs. Pour naviguer dans l’année du serpent, nous proposons aux investisseurs les points de repère suivants :
- Ancrer les portefeuilles : La volatilité et la géopolitique occuperont le devant de la scène dans le cadre d’un programme « America First ». Pour les investisseurs en actions, cela implique une position relativement diversifiée en termes de zones géographiques et de secteurs. L’exceptionnalisme américain (en termes de croissance économique et de bénéfices des entreprises) reste la caractéristique dominante des marchés mondiaux, mais les écarts de valorisation par rapport à d’autres régions (en particulier l’Europe et la Chine) se sont creusés et peuvent ouvrir des opportunités.
- Se concentrer sur les marges : Le programme “America First” de Donald Trump et ses nouveaux tarifs douaniers prévus vont perturber le commerce mondial. Mais les modalités de ces droits de douane seront déterminantes pour évaluer leur impact sur les bénéfices et la capacité des entreprises à absorber une partie des coûts grâce aux marges ou aux devises. La clé sera de comprendre si les composants importés de Chine (en particulier) – contrairement aux produits finis - seront également inclus dans la nouvelle politique tarifaire américaine.
- Un nouveau paradigme pour l’inflation : L’inflation a diminué de manière significative (voir graphique 2) par rapport à la période d’euphorie budgétaire des années Covid. Mais les banquiers centraux devront peut-être se pencher plus longtemps sur leurs feuilles de calcul, car la résilience des économies et les tarifs douaniers ont un impact sur l’inflation et sur le potentiel de réduction des taux. Comme les tarifs douaniers frappent plus durement certaines parties du monde que d’autres, les politiques des banques centrales pourraient diverger davantage. Les devises sont appelées à devenir un outil d’ajustement majeur.
- Augmentation des dépenses de défense : 2,5 % ? 3% 5% ? Quel que soit le chiffre sur lequel Donald Trump et ses alliés de l’OTAN finiront par se mettre d’accord quant aux dépenses de défense en pourcentage du PIB, il est clair qu’elles seront plus élevées que les chiffres actuels. D’autres pays suivront le mouvement. Pour les gouvernements dont les budgets sont déjà tendus, des exercices de gymnastique fiscale seront nécessaires. Les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient ont montré que les bénéficiaires se trouveront probablement dans la technologie, et non dans le secteur traditionnel de l’équipement militaire.
- La sélection des titres plus importante que jamais : Alors que de nombreux investisseurs ont traversé les années 2023 et 2024 sous le signe de la prudence, profitant des performances des sept méga-capitalisations « Magnificent Seven », 2025 nécessitera probablement une approche plus pratique. Nous pensons que les marchés mondiaux sont globalement “assez bien évalués”, mais la concentration des marchés et les lignes de faille géopolitiques rendent à nouveau impérative une analyse financière solide au niveau des actions individuelles. La valorisation et la dynamique des performances seront des paramètres clés pour identifier les actions au potentiel le plus prometteur à travers le monde.
- Ne pas négliger la Chine : Si les investisseurs en actions américaines peuvent se réjouir des deux dernières années, les investisseurs en actions chinoises ont été moins satisfaits. L’éclaircie de 2025 dépendra de la réaction de la Chine au nouveau régime politique des États-Unis - et, notamment, les droits de douane joueront un rôle clé. Sur le plan intérieur, certains signes indiquent que le secteur immobilier est en train de toucher le fond et nous constatons une certaine reprise de la demande des consommateurs à la suite de politiques spécifiques menées par le gouvernement. La réaction de la Chine à Trump 2.0 pourrait en surprendre plus d’un sur ce marché sous-exploité.
- Darwinisme numérique et Intelligence Artificielle : à mesure que l’IA se propage dans l’économie mondiale, 2025 sera une année où il sera essentiel d’élargir l’exposition à ce thème. Les investisseurs doivent regarder au-delà des grands noms et inclure l’infrastructure de l’IA, ainsi que les segments des solutions et des services de l’IA, dans leurs allocations. Ces entreprises peuvent se trouver non seulement aux États-Unis, mais aussi dans d’autres parties du monde. Dans le même temps, les entreprises susceptibles d’être perturbées par l’adoption plus large de l’IA pourraient perdre leur place dans les portefeuilles des investisseurs.
- Le nouveau visage de la géopolitique : Attendez-vous à l’inattendu. Les changements de politique seront annoncés par des messages sur les médias sociaux. Des conflits diplomatiques éclateront sur des questions apparemment réglées (le canal de Panama) ou sur des lieux peu habités (le Groenland). Les alliés laveront leur linge sale en public, tandis que des guerres par procuration - de nature économique ou même militaire - pourraient éclater et entraîner les grandes puissances. En 2025, les investisseurs devront garder leur sang-froid alors que la géopolitique passera du rythme tranquille des conférences internationales et des banquets d’État à celui frénétique des notifications des médias sociaux.
Dans le zodiaque chinois, le serpent est caractérisé par la sagesse. En 2025, les investisseurs devront tenir compte des anciennes sagesses en matière de construction de portefeuille, de concentration sur les fondamentaux, de diversification et de sang-froid. Nos huit points de repère devraient les aider à s’orienter au cours d’une année qui s’annonce loin d’être ennuyeuse.