Résumé
L’essor récent de l’investissement d'impact, qui conjugue bienfaits sociaux et environnementaux et performances financières pour répondre aux nouvelles attentes des investisseurs, semble appelé à se poursuivre.
- Les investisseurs étant toujours plus nombreux à souhaiter que leur capital ait une influence positive sur le monde réel, l’investissement d'impact entre progressivement dans les mœurs
- L’investissement d'impact se définit par sa volonté de générer un impact social ou environnemental positif et mesurable grâce à l’investissement, et par son évaluation constante de l’impact en question au même titre que la performance financière
- Il existe un grand nombre de stratégies d’impact déclinées sur tous les secteurs et zones géographiques
L’investissement d'impact poursuit deux principaux objectifs : générer des performances financières et aider à résoudre des problèmes sociaux et environnementaux. Autrement dit, l’investissement d'impact recherche le bien de la collectivité tout en présentant un profil de rendement/risque attrayant et en veillant à l'évolution de l’impact visé.
Les pionniers de cette pratique ont été les marchés non cotés, avec une grande quantité d’opportunités d'investissement dans des domaines tels que l’efficience énergétique, les services financiers, la santé et l’enseignement, l’agroalimentaire et la sylviculture durable. Il est possible d'investir sur le marché non coté par l’intermédiaire du capital ou de la dette en étant exposé à plus de risques, mais en bénéficiant également d'un meilleur contrôle sur l’actif.
Un marché en pleine croissance
Le marché de l’investissement d’impact est en plein développement. En 2018, l’encours des stratégies d’impact s'élevait à 500 milliards d’euros dans le monde, contre 120 milliards d’euros deux ans plus tôt1. Pour illustrer la dimension de l’opportunité, ces chiffres sont totalement éclipsés par le capital dont devraient avoir besoin les Nations unies pour remplir les exigences en matière de développement durable.
Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le volume cumulé des investissements en infrastructures nécessaires uniquement pour atteindre les Objectifs de développement durable des Nations unies (ODD) (par exemple, les initiatives centrées sur le changement climatique ou la prévention de la faim) devra représenter plus de 70 000 milliards de dollars d’ici 2030, soit 3,5% environ du PIB mondial2. D’après les estimations de Global Impact Investing Network3, plus de 60% des investisseurs d’impact, soucieux d'intégrer un « paradigme de développement mondial », suivent leur performance au regard d’un ou plusieurs des 17 ODD des Nations unies. Il s’agit le plus souvent des objectifs de travail décent et croissance économique, absence de pauvreté, inégalités réduites, bonne santé et bien-être, action climatique et énergie propre et coût abordable.
En d’autres termes, l’investissement d'impact est plus qu’une simple mode. La croissance potentielle de ce marché se reflète dans l'évolution des priorités des investisseurs, la jeune génération étant plus susceptible de s’intéresser davantage aux questions de durabilité en matière d'investissement.4 Une tendance qui devrait continuer de faire entrer l’investissement d'impact dans les mœurs.
Objectifs de développement
Cette croissance est stimulée et façonnée par de grandes initiatives internationales, telles que les ODD de l’ONU ou l’Accord de Paris sur le changement climatique.
L’importance accrue des ODD pour les gérants de portefeuille a récemment été mise en évidence dans notre enquête auprès d’investisseurs institutionnels, dont 59% ont affirmé bien connaître les Objectifs de l’ONU.
Quoi qu’il en soit, les ODD ne sont pas un modèle d'investissement et leur existence vise essentiellement à guider la société, plus que les transactions individuelles. Ils peuvent néanmoins contribuer à définir le cadre de la thèse d'investissement dans un actif : en quoi celui-ci contribue-t-il à quels objectifs, et de quelle manière ? Il est donc vital de pouvoir identifier des transactions dont l’impact social et environnemental est directement lié à la performance financière.
Pour repérer ces transactions, les gérants de portefeuilles d’impact de Allianz Global Investors analysent l’impact spécifique de tout projet, déterminent son aptitude à générer une contribution positive et étudient les éventuels obstacles à l’atteinte de ces résultats. Ils doivent ensuite développer des indicateurs clés de performance (KPI) pour aligner la gestion de l’actif avec les résultats visés.
Suivi de l’investissement d’impact
Si la performance financière se mesure de la même façon que pour tout autre actif réel (avec le taux de rendement interne), il n’existe actuellement pas d'indices de référence propres aux stratégies d’impact.
Les KPI des actifs doivent être intégrés dans les procédures et les processus au début de chaque transaction. Ceux-ci peuvent être financiers, ou fondés sur un impact.
Dans un cas comme dans l’autre, les KPI doivent être déterminés dès le départ et contractualisés, avec des objectifs convenus entre les investisseurs et l’organisation en charge du pilotage du projet d’impact (fournisseur). Ces KPI fixeront des objectifs de performance précis et faciliteront l’intervention de l’investisseur dans les situations extrêmes. Les compétences de l'équipe d’investissement sont donc décisives pour définir en amont des KPI détaillés. Celle-ci doit s’assurer que l'équipe dirigeante de la contrepartie est en mesure de fournir toutes les informations nécessaires et de remplir tous les critères de due diligence d’impact. Cette approche crée une boucle de rétroaction entre les investisseurs et les dirigeants des entreprises au regard des objectifs stratégiques et de l'évaluation des impacts visés. Ce niveau de communication étant de plus en plus répandu, les investisseurs soulignent « des progrès notables [dans le] degré de sophistication de l'évaluation d’impact et des pratiques des dirigeants ».5
L’identification et la gestion du processus nécessitent une équipe d’investissement expérimentée, qui saura prendre en considération de nombreux autres facteurs, tels que la demande des investisseurs et tout aspect d’ordre réglementaire pouvant altérer la valeur de l’actif.
La croissance de l’investissement d’impact n’en est qu’à ses débuts
Si les investissements des marchés privés sont généralement peu liquides (restant donc souvent la chasse gardée des investisseurs institutionnels), les stratégies d’impact peuvent offrir des protections. La plupart sont adossés à des actifs réels et présentent un potentiel de réduction de la volatilité dans la mesure où l'atténuation du risque social et environnemental est « programmée » dans le processus d'investissement.
Les questions qui sous-tendent ces stratégies devenant plus importantes (pour les investisseurs et pour la société au sens large), le marché de l’investissement d'impact devrait poursuivre son développement en répondant à davantage de besoins sociaux et environnementaux, tout en continuant de chercher à générer des performances financières attractives. L'éventail des besoins que peuvent couvrir ces stratégies est très vaste. De plus, la demande continue de progresser en parallèle en raison de l'évolution des priorités des investisseurs, de sorte qu’en dépit d’un démarrage déjà solide, nous pensons que la croissance de l’investissement d’impact n’en est qu’à ses débuts.
1) Global Impact Investing Network : https://thegiin.org/assets/GIIN_AnnualImpactInvestorSurvey_2017_Web_Final.pdf
2) Page 116, CFA Institute Research Foundation Handbook on Sustainable Investments (https://www.cfainstitute.org/en/research/foundation/2017/handbook-on-sustainable-investments)
3) https://thegiin.org/assets/GIIN_2019%20Annual%20Impact%20Investor%20Survey_ExecSumm_webfile.pdf
4) https://www.visualcapitalist.com/millennials-sustainable-investing-mainstream/
5) https://thegiin.org/assets/GIIN_2019%20Annual%20Impact%20Investor%20Survey_ExecSumm_webfile.pdf
Résumé
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