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Les banques européennes naviguent entre vents favorables et vents contraires
La nature même de la crise actuelle procure aux banques européennes une arme à double tranchant. Elles naviguent au gré de vents contraires et favorables, prises entre des obstacles sous la forme d’une contraction du PIB (Produit Interieur Brut) et de révisions à la baisse des bénéfices et des facteurs de soutien que sont l’inflation actuellement en hausse et les relèvements des taux d’intérêt.
Vents favorables
La progression persistante et généralisée de l’inflation au cours des dix-huit derniers mois a lancé un signal d’alarme très clair concernant la croissance de l’offre cyclique et structurelle et les déséquilibres de la demande au sein de l’économie mondiale. Ces distorsions macroéconomiques ont été essentiellement causées par des mesures de relance monétaire et budgétaire excessives ces dernières années conjuguées à des mutations structurelles profondes (démographie, démondialisation, décarbonisation) et des chocs exogènes (Covid, Ukraine)1.
Au sein de la zone euro plus particulièrement, les prix à la consommation ont augmenté de 10 % sur l’année à fin septembre, en accélération par rapport au niveau de 9,1 % du mois d’août, à l’époque leur plus haut niveau depuis la création de l’euro il y a 23 ans2. La réaction des banques centrales à l’échelle mondiale a consisté à relever leurs taux d’intérêt afin d’essayer de freiner l’inflation. D’après le dernier procès-verbal de la Banque centrale européenne (BCE), une autre série de relèvement des taux d’intérêt est prévue. En effet, l’inflation continue de progresser avec un risque de « s’autoalimenter au point que même la décélération prévue de la croissance ne suffira pas à ramener l’inflation vers son objectif »3. Tel a été la préoccupation exprimée par les responsables de la politique monétaire après avoir relevé le taux de référence des dépôts de 75 points de base, un niveau record pour la BCE, à 0,75 pour cent1 en septembre.
Cette situation peut mécaniquement constituer un catalyseur pour les banques européennes. Des relèvements plus rapides des taux d’intérêt, la hausse des rendements et les révisions à la hausse des produits nets d’intérêt de 15 % ou plus pour 2023 expliquent que les banques ont enregistré la meilleure surperformance d’après des recherches récentes réalisées par Bloomberg4. Au cours du troisième trimestre, nous avons observé une bonne résistance des banques qui ne se sont repliées que de -2,3 % alors que le marché général de la zone euro s’inscrivait en recul de -4,4 %5. Parmi nos positions les plus performantes dans la finance au sein de nos portefeuilles Conviction Equity, citons notamment Munich Re en hausse de 10,4 % au 3ème trimestre et KBC, plus particulièrement en septembre, mois durant lequel l’action du groupe belge s’est inscrite en hausse de +2,7 % contre une chute de -6,3 % pour les marchés d’actions de la zone euro.
D’après Bloomberg, la croissance du chiffre d’affaires des banques européennes devrait bénéficier de révisions globales à la hausse pour 2022 et 2023 de plus de 70 milliards de dollars depuis le début de l’année6. L’équipe Conviction Equity reconnaît également que leurs valorisations sont particulièrement attractives. En effet, d’après de récentes recherches7, la valorisation relative du secteur bancaire par rapport au marché au sens large est proche d’un point bas de 40 ans. En opposition à la crise de 2011 et 2012, les banques ont également un bon niveau de capitalisation dans la mesure où les excédents de capitaux du secteur sont d’environ 45 % de la capitalisation boursière des banques de la zone euro et de 36 % de la capitalisation boursière des banques européennes, respectivement7. La réduction générale du risque dans leurs bilans et leurs solides fondamentaux leur permettront probablement d’augmenter les dividendes et les programmes de rachats d’actions et de générer un rendement des distributions (« payout yield ») élevé.
Vents contraires
Toutefois, les perspectives économiques générales ne sont pas favorables et elles pourraient représenter un obstacle important pour les banques. Le marché d’actions de la zone euro est en recul de -21,8 % depuis le mois de janvier8 et nous avons observé une série d’avertissements sur résultats. Comme le souligne notre équipe Global Economics and Strategy à propos des perspectives économiques, les risques baissiers du scénario de croissance du consensus continuent de prévaloir2. Au-delà des conséquences réelles et potentielles de l’invasion de l’Ukraine, ces risques baissiers sont toujours fortement liés à la pandémie, au choc subi par le revenu réel à cause de la hausse de l’inflation en général et de celle des prix de l’énergie et de l’alimentation en particulier, aux perturbations prolongées du côté de l’offre, etc. Comme l’explique Catherine Garrigues, Responsable de la Stratégie Conviction Equity, les banques devront mécaniquement faire face à la conséquence des hausses verticales des taux, dont un risque beaucoup plus élevé de faillite, plus particulièrement parmi les sociétés de petite taille et/ou fortement endettées, mais également à une diminution du revenu des ménages qui devrait s’accompagner d’un repli de la croissance des prêts. En clair, les banques seront contraintes d’accepter un coût plus élevé en contrepartie du même risque en raison de la dégradation de la situation financière de leurs clients. Un autre élément qui pourrait assombrir les perspectives est le caractère fortement réglementé du secteur bancaire qui pourrait réduire davantage sa rentabilité. En effet, dans la mesure où la rentabilité des banques a bondi, une intervention des autorités de tutelle est attendue (comme c’est déjà le cas en Espagne) et en ligne avec les récents propos de la BCE sur les changements apportés aux opérations ciblées de refinancement à plus long terme (« Targeted Longer-Term Refinancing Operations » ou TLTRO)9. Par ailleurs, le Conseil de surveillance prudentielle de la BCE a indiqué le 11 octobre avoir décidé d’imposer des exigences de fonds propres plus élevés aux activités de prêts à effet de levier de plusieurs organismes de crédit, sans citer de nom en particulier10
Dans ce contexte, la prudence est de mise
Dans cet exercice d’équilibriste auquel se livrent les banques, l’équipe Conviction Equity adopte un positionnement prudent et se concentre sur les entreprises de grande qualité telles que BNP Paribas, Intesa Sanpaolo, Société Générale et KBC qui entrent actuellement dans la composition des portefeuilles Conviction Equity11. Au sein de la stratégie, la plupart des portefeuilles surpondèrent actuellement légèrement la finance, mais les gérants de portefeuille de l’équipe suivront de près l’évolution des statistiques macroéconomiques et les annonces de politique monétaire dans les prochaines semaines et les prochains mois, autant de facteurs qui devraient fortement influer sur le devenir du secteur financier.
Le présent document ne constitue en aucun cas une recommandation d’achat ou de vente d’un quelconque titre.
Les titres mentionnés dans le présent document sont présentés à titre illustratif uniquement et ne doivent pas être considérés comme une recommandation ou une sollicitation portant sur l’achat ou la vente de titres donnés. Ces titres n’entreront pas nécessairement dans la composition du portefeuille lors de la publication du présent document ou à une autre date ultérieure.
1 AllianzGI Global Economics and Strategy, Macro for Markets, octobre 2022
2 « Eurozone inflation hits record 10 % as energy prices continue to soar », Financial Times, 10 septembre 2022
3 « ECB warns of potential for ‘self-reinforcing’ inflation », Financial Times, 6 octobre 2022
4 Bloomberg Intelligence « European Banks’ Jam Tomorrow Finally Arrives But New Risks Lurk », 19 septembre 2022
5 Tel que représenté par l’indice MSCI EMU. Source : Bloomberg.
6 « European Banks’ $70 Billion Revenue Cushion Can Trump Risk Shift », Bloomberg Intelligence, 22 septembre 2022
7 « European Banks: Rates Underappreciated », Morgan Stanley, 22 septembre 2022
8 Tel que représenté par l’indice MSCI EMU, données Bloomberg au 30 septembre 2022
9 « European Banks’ Jam Tomorrow Finally Arrives But New Risks Lurk », Bloomberg Intelligence, 19 septembre 2022
10 « ECB to slap some banks with Capital add-ons over leveraged loans », Bloomberg, 11 octobre 2022
11 Source : AllianzGI ; données au 30 septembre 2022 ; Ces informations sont fournies à titre d’orientation uniquement et ne sont pas révélatrices d’une allocation donnée
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Résumé
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