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Dans le feu de l'action
Stefan Rondorf / 05.03.2021
Un an après l’impressionnante déferlante de la pandémie de coronavirus sur les marchés financiers, le bilan pour les investisseurs les plus audacieux est plus que positif : de nombreux indices actions (notamment en dehors de l’Europe), le pétrole et les métaux industriels ayant valeur d’indicateurs tels que le cuivre ou l’aluminium se négocient parfois à des niveaux largement supérieurs à ceux de la mi-février 2020.
Sur certains segments des marchés financiers, le qualificatif de « positif » est bien en deçà de la vérité : les actions de jeunes sociétés technologiques américaines et les cryptomonnaies les plus suivies ont connu une ascension fulgurante, soutenues par des attentes bénéficiaires exubérantes pour les premières et par l’espoir accru d’une montée en puissance pour les secondes, autant de signes d’une surchauffe croissante chez certains acteurs du marché.
Dans le même temps, les esprits s’échauffent également sur le front macroéconomique. Alors que le soutien énergique et coordonné des politiques monétaires et budgétaires a permis d’atténuer les répercussions de la crise sanitaire, la question se pose aujourd’hui de savoir dans quelle mesure la relance est encore nécessaire alors qu’une normalisation de l’activité économique se profile à mesure que progressent les programmes de vaccination. Si la nouvelle administration américaine parvient à faire adopter son programme de relance annoncé de 1 900 milliards de dollars, le soutien budgétaire apporté à l’économie en réponse à la crise sanitaire représenterait au total près de 25 % du produit intérieur brut dégagé dans des circonstances normales. On pourrait s’inquiéter, non sans raison, d’une surchauffe temporaire de l’économie, surtout si la fin du confinement libère le pouvoir d’achat supplémentaire accumulé par les ménages américains durant la crise sanitaire, estimé à 1 600 milliards de dollars.
Les craintes de flambée inflationniste qui y sont liées ont récemment perturbé les marchés obligataires, entraînant une hausse notable des rendements des bons du Trésor américain à 10 ans. Mais pour l’instant, cette évolution devrait plutôt être considérée comme le signe d’une confiance accrue dans la normalisation de l’activité économique. Les banques centrales ont affirmé leur intention de maintenir le cap de leur politique monétaire accommodante, même si l’activité économique devrait sensiblement se redresser pendant l’année.
Il convient de noter que la crainte d’une surchauffe économique ne concerne pour l’instant que les États-Unis. Ces préoccupations semblent lointaines en Europe continentale compte tenu du taux d’utilisation des capacités et de la progression poussive de la campagne de vaccination au premier trimestre 2021.
Dans l’ensemble, l’environnement de taux bas et la quête de rendement devraient rester d’actualité.
Gardez la tête froide,
Focus sur les marchés
Allocation tactique actions et obligations
- Même si le prolongement des mesures de confinement freine actuellement la conjoncture, les statistiques économiques continuent de surprendre positivement dans l‘ensemble, notamment aux États-Unis, mais aussi en Asie. Sur le plan sectoriel, la situation est contrastée : le secteur manufacturier poursuit sa reprise, tandis que les services restent à la traîne.
- La résurgence des craintes inflationnistes pourrait affecter davantage les emprunts d‘État que les actions, car au final, ces dernières reflètent une partie du capital productif réel, lequel gagne de la valeur en période d‘inflation. Mais sur les marchés actions, une correction pourrait guetter certains segments actuellement en surchauffe, notamment les valeurs technologiques américaines.
- Si l‘on observe des valorisations ponctuellement excessives sur les marchés actions, les emprunts d‘État internationaux peuvent être globalement considérés comme surévalués.
- Les investisseurs internationaux disposent de liquidités importantes à en juger par les entrées de capitaux cumulées dans les fonds du marché monétaire depuis le début de la pandémie et devraient continuer de se montrer enclins au risque dans leur quête de rendement, notamment pour échapper au contexte de taux d‘intérêt bas/négatifs.
- Dans l‘ensemble, le maintien de la surpondération des actions par rapport aux obligations se justifie tout à fait, même si la prudence reste de mise.
Découvrez l'intégralité de La revue des Marchés - Mars 2021
Résumé
La prochaine réunion de la Banque centrale européenne du 11 mars est très attendue compte tenu du contexte sur le marché des taux.
Point clés
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