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Un peu de répit
Stefan Rondorf / 03.02.2023
Après les tourmentes de 2022, les marchés financiers ont démarré la nouvelle année 2023 avec enthousiasme, ou presque. Le reflux de l’inflation a donné de l’élan aux marchés actions et obligataires durant les premières semaines de l’année. Tout comme les craintes inflationnistes avaient plombé les marchés l’an dernier, leur recul semble avoir provoqué un immense soulagement chez les investisseurs dans la plupart des classes d’actifs, à l’image du relâchement tant attendu après des tensions musculaires intenses.
Le calcul est simple : le ralentissement de l’inflation devrait permettre aux banques centrales d’atteindre le point culminant de leur cycle de resserrement monétaire plus tôt et à un niveau moins élevé que ce que l’on craignait il y a quelques mois.
La situation est d’autant plus favorable que les deux principaux facteurs négatifs qui ont pesé sur la conjoncture mondiale, à savoir la crise énergétique européenne et la politique « zéro Covid » de la Chine, se sont nettement atténués. En Europe, la météo hivernale globalement clémente a freiné la demande en énergie de chauffage et les réserves de gaz devraient atteindre au printemps des niveaux plus élevés que ce que l’on craignait avant l’hiver. En Chine, le gouvernement a réalisé plus rapidement que prévu que le maintien de sa politique « zéro Covid » n’était pas tenable. Les mesures de relâchement soudaines mises en place depuis novembre attestent de sa volonté d’atteindre le plus rapidement possible l’objectif intermédiaire de l’immunité collective. Il est désormais permis d’espérer une reprise progressive, mais très rapide en comparaison avec d’autres pays, de l’activité économique de la deuxième puissance économique mondiale.
Revenons-en à l’inflation : alors que les marchés des biens semblent déjà avoir parcouru une bonne partie du chemin vers un nouvel équilibre grâce au ralentissement de la demande et à la reprise de l’offre, on ne peut pas en dire autant du marché de l’emploi. Dans de nombreux pays, les salaires continuent d’augmenter, la demande de main-d’œuvre reste soutenue et les employés rechignent à offrir davantage de force de travail. Les banques centrales n’ont que peu de marge de manœuvre à ce niveau-là.
Les perspectives conjoncturelles déterminent aussi l’ampleur du répit pour les investisseurs. Les perspectives de croissance en Asie devraient s’être sensiblement améliorées sous l’effet du changement de stratégie de la Chine. En Europe également, la récession anticipée durant l’hiver pourrait dans un premier temps être évitée. Des arrêts de production semblent pour l’instant peu probables et les mesures de soutien de certains gouvernements visant à atténuer la hausse des prix de l’énergie devraient stabiliser la consommation. Quant aux États-Unis, on observe un fléchissement des attentes des entreprises, de la consommation et de la production. Les marchés n’y semblent pas réellement préparés, même si l’imminence d’une récession a été évoquée à de multiples reprises. Il semble donc que le répit dont bénéficient les investisseurs en Asie et en Europe pourrait durer un peu plus longtemps qu’aux États-Unis.
En attendant, profitez de ce moment de répit,
Sincèrement,
Stefan Rondorf.
Focus sur les marchés
Allocation tactique actions et obligations
- Les marchés financiers semblent en pleine phase de transition : les craintes inflationnistes diminuent, tandis que les préoccupations concernant la croissance tendent à augmenter sur les grands marchés tels que les États-Unis. Sur le plan tactique, cela pourrait signaler une stabilisation des marchés obligataires. Sur les marchés actions, le pic de l’inflation devrait apporter un répit provisoire, surtout si le ralentissement de la croissance est moins brutal ou se fait attendre plus longtemps que prévu. Un tel scénario semble actuellement un peu plus probable en Europe qu’aux États-Unis.
- Cette situation pourrait ouvrir une fenêtre d’opportunités dans les pays émergents, et surtout en Chine : l’abandon de la politique « zéro Covid » de Pékin a amélioré les perspectives de la région asiatique, aussi bien pour les actions que pour les obligations. À cela s’ajoute le fait que le dollar américain pourrait avoir atteint un pic : traditionnellement, un dollar fort pèse sur les marchés financiers des pays émergents.
- Les investisseurs professionnels restent prudents et les réserves de liquidités semblent toujours élevées. L’absence de mauvaises nouvelles pourrait entraîner la couverture des positions « short » (positions de vente à découvert) et offrir un certain répit aux classes d’actifs risquées, notamment les obligations d’entreprises.
Découvrez l'intégralité de La revue des Marchés - Février 2023
Résumé
Les acteurs des marchés financiers semblent penser qu'une récession pourrait être évitée, l’inflation reflue, ce qui ouvrirait la voie à un assouplissement des politiques monétaires. Mais les risques géopolitiques sont toujours bien présents, la question se pose de savoir dans quelle mesure ce ressenti reflète la réalité.