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Dans le feu de l'action
Dr Hans-Jörg Naumer/ 03.03.2022
L’invasion russe de l’Ukraine plonge le monde et les marchés financiers dans une période d’incertitude accrue. Contrairement au « risque », avec lequel les probabilités de survenance d’un événement sont connues, l’incertitude est l’absence de visibilité sur le déroulement d’une situation. La cohésion des sanctions prononcées à l’encontre de la Russie et les premiers signes attestant une volonté de négociation entre l’Ukraine et le Kremlin permettent, certes, d’espérer une détente des relations, mais dans des proportions difficiles à estimer. Par conséquent, cette incertitude accrue se traduit par une augmentation des primes de risque sur les marchés financiers et plus elle s’inscrira dans la durée, plus son impact probable sur l’économie réelle sera élevé. Les mécanismes de transmission considérés sont ici le « sentiment » économique, l’« humeur » des intervenants, le niveau des cours pétroliers et enfin leur corollaire, les taux d’inflation. Le passé nous apprend que lorsque le prix du pétrole est multiplié par deux, la probabilité de récession réelle (autrement dit, sans tenir compte des effets de l’inflation) augmente également. La seule bonne nouvelle est que pour cela, le phénomène doit avoir lieu pendant deux ans. Pour l’instant, un tel déroulement paraît encore supportable, mais à l’issue des derniers rebonds, le prix du baril de Brent a peu de chances de se maintenir au-dessus de 100 USD.
D’un point de vue économique, les conséquences de l’invasion de l’Ukraine se résument comme suit : Davantage d’inflation et moins de croissance. Reste à savoir dans quelle mesure les grandes banques centrales en tiendront compte dans les futurs ajustements de leur stratégie, comme quelques observateurs l’anticipent déjà. La Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) sont confrontées depuis un certain temps à une poussée inflationniste, déjà visible avant les sursauts les plus récents des prix du pétrole brut.
Les conditions de marché demeurent donc suspendues au déroulement de l’invasion de l’Ukraine. Les investisseurs ont tout intérêt à se préparer à des accès de volatilité. La pénurie d’investissement n’en est que plus grande, car alors que l’incertitude grandit, 70% du volume des obligations mondiales continue d’offrir un rendement inférieur à l’objectif d’inflation de 2% de la BCE. Ce qui, au regard de la baisse du pouvoir d’achat induite, représente des pertes réelles.
Puissions-nous tous rester en sécurité et en paix.
Focus sur les marchés
Allocation tactique actions et obligations
- La conjoncture économique stable, caractérisée par une évolution en dents de scie, voit sa dynamique de surprise positive s‘essouffler. Les données conjoncturelles supérieures aux attentes peinent maintenant à épater les économistes.
- Il en va de même sur le front des révisions des prévisions de bénéfices des entreprises. Après une tendance haussière prononcée, le rapport entre les révisions positives et négatives des prévisions de bénéfices est en train de ralentir.
- Le risque de hausse des cours pétroliers pénalise la conjoncture. Certes, l‘intensité énergétique des pays développés a nettement diminué ces dix dernières années, phénomène qui se reflète dans la baisse (!) de leurs émissions de gaz à effet de serre, mais l‘histoire montre que, toutes choses demeurant égales par ailleurs, le risque de récession après un doublement du prix du pétrole est plus élevé pendant une période de deux ans. À titre de comparaison, il y a deux ans, le prix du baril de WTI évoluait entre 50 et 60 USD.
- Au regard des rendements (réels) encore majoritairement négatifs, la pénurie d‘investissements devrait encore perdurer et bénéficier structurellement aux actifs réels tels que les actions. Toutefois, une allocation plus prudente semble de mise compte tenu des incertitudes accrues suscitées actuellement par le conflit en Ukraine.
Découvrez l'intégralité de La revue des Marchés - Mars 2022
Résumé
L'invasion de l’Ukraine a ébranlé les marchés financiers, qui étaient déjà aux prises avec les risques inflationnistes et le spectre d’un resserrement de la politique monétaire des banques centrales. Les investisseurs doivent faire preuve de prudence et se préparer à saisir les opportunités d'investissement qui pourraient se présenter.
Messages clés :
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