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Transformation du secteur du papier : l’arbre qui cache la forêt
L’industrie du papier et des produits forestiers est entrée dans une ère disruptive, alimentée par la numérisation (une tendance accélérée par la pandémie de Covid-19) et la durabilité (via de nouvelles réglementations et des changements de comportement). Les enjeux sont élevés dans la mesure où les industries du bois, notamment les fabricants de papier et les entreprises de biomasse qui fabriquent des pellets qui sont ensuite brûlés pour produire de l’énergie, représentent 3,6 millions d’emplois dans l’UE.
Deux grandes tendances alimentent la disruption du secteur papetier
La numérisation permettra d’accroître la productivité et d’augmenter la demande dans l’industrie du papier et de la pâte à papier au cours des prochaines décennies. Selon le cabinet McKinsey, l’utilisation d’applications numériques et analytiques éprouvées pourrait entraîner une hausse de la productivité et de la capacité de production de 10 à 15%. En outre, l’essor du commerce électronique est et sera une source de nouvelle demande des consommateurs en termes d’optimisation des emballages, mais aussi de produits finaux (plus légers, moins chers, plus durables), ce qui favorisera les entreprises innovantes. Des technologies révolutionnaires, comme celles qui réduisent l’utilisation de la chaleur dans la production de papier grâce à une diminution de la consommation d’eau, sont nécessaires pour atteindre les objectifs du secteur dans le cadre de la feuille de route 2050 visant une bioéconomie sobre en carbone. La Covid-19 a fortement contribué à cette évolution : le commerce électronique a bondi de plus de 30% pour la seule année 2020 et représente déjà 10% à 15% de la demande paneuropéenne de boîtes, un fait d’autant plus intéressant que 80% des emballages utilisés par ce secteur sont à base de papier.
La durabilité est également devenue un secteur de croissance majeur pour l’industrie du bois et du papier, créant des opportunités pour deux raisons principales : la biomasse forestière est traditionnellement considérée comme un actif neutre en CO2 et le papier peut faire office d’alternative à d’autres matériaux (tels que les plastiques) dans de nombreux secteurs, des matériaux de construction aux vêtements, en passant par les emballages, les cosmétiques et la pharmacie. Prenons l’exemple du plastique : il représente 37% du marché mondial des emballages, mais seuls 14% des emballages plastiques sont recyclés, un chiffre qui atteint 71,6% pour les équivalents en papier. Les initiatives actuelles de l’UE soutiennent par ailleurs clairement les perspectives d’une transition vers davantage d’emballages en papier à moyen terme. De grandes entreprises s’engagent d’ores et déjà à atteindre des objectifs de réduction de l’utilisation de plastiques vierges (-33% d’ici 2025 pour L’Oréal ou Nestlé par exemple).
Conviction Equity : 3 exemples de titres liés au papier et aux produits forestiers
Dans cet environnement en constante évolution, l’équipe Conviction Equity a identifié trois valeurs susceptibles de prospérer au sein du secteur du papier et des produits forestiers.
- Du papier aux solutions d’emballage et de construction renouvelables : Stora Enso
Mentionnons tout d’abord Stora Enso, qui a notamment enregistré la meilleure performance absolue au sein du fonds Allianz Actions Euro Convictions au premier trimestre 2022. Reconnu historiquement comme l’un des principaux leaders de la production de papier, le groupe finlandais a opéré ces dernières années un changement stratégique en faveur des produits renouvelables à base de bois dans les emballages, les solutions de construction et les biomatériaux. Il s’agit en outre du deuxième plus grand propriétaire forestier privé au monde. Fin mars, le groupe a annoncé sa volonté d’accélérer cette transition en cédant 4 de ses 5 usines de papier, soit une capacité de production de 1,7 million de tonnes ou 10% de la demande européenne. Le papier représente encore 13% du chiffre d’affaires du groupe à ce jour. Stora identifie un fort potentiel de croissance avec une marge de plus de 20% dans sa division Emballages, grâce à une demande soutenue d’emballages circulaires sans plastique et respectueux de l’environnement. La société ambitionne également de tripler la taille de sa division Construction, les produits du bois étant appelés à reprendre progressivement des parts de marché au ciment et à l’acier, dès lors qu’ils offrent des solutions plus durables, plus rapides à mettre en œuvre et moins coûteuses. Le groupe bénéficie de barrières à l’entrée élevées sur ce segment et est le premier producteur européen de bois scié. Enfin, la division Innovation en biomatériaux constitue un segment à marge élevée pour l’entreprise (potentiel de marge d’EBIT de 35%), qui produit notamment du carbone pour le stockage d’énergie, des fibres de carbone et des liants biologiques.
- Du papier à la pâte à papier, aux biocarburants et aux produits biochimiques : UPM
Autre acteur de premier plan sur le marché, UPM est actuellement le premier fabricant européen de papier graphique et a entamé une évolution stratégique du papier traditionnel vers des produits plus écologiques : pâte à papier, biocarburants et produits biochimiques. Le groupe prévoit de doubler ses bénéfices d’ici 2025 sur la base de perspectives de reprise du segment de la pâte à papier et du plan d’expansion organique « Spearheads for Growth », qui repose sur un nouveau projet d’usine de pâte à papier à Paso de los Toros, en Uruguay (capacité de 2,1 millions de tonnes), et sur une nouvelle raffinerie biochimique à Leuna en Allemagne. Certains analystes estiment que la grève en cours dans les usines de pâte à papier et de papier d’UPM en Finlande ainsi que le retard pris par les 2 grands projets de nouvelles usines mentionnées ci-dessus en raison de la pandémie font de 2022 une année de transition pour le groupe. Les nouveaux projets devraient commencer à générer des bénéfices en 2023, et de manière plus significative en 2024. L’entreprise accorde une attention particulière aux matériaux à base de bois innovants, comme en témoigne sa forte activité en matière de brevets, supérieure à celle de la plupart de ses concurrents actuels dans le secteur de la pâte à papier et du papier. Au cours des trois dernières années, UPM a obtenu pas moins de 322 brevets par an en moyenne.
- Une sécurité assurée par les actifs forestiers : SCA
Svenska Celullosa (SCA), un autre leader forestier intéressant, est en fait le premier propriétaire privé européen de forêts, avec 2,6 millions d’hectares en sa possession. Ces actifs forestiers soutiennent ses activités en aval dans les secteurs du traitement du bois, de la production de pâte à papier et de la fabrication de papier (kraftliner). L’une de ses principales forces est son modèle d’affaires circulaire, c’est-à-dire une chaîne de valeur entièrement intégrée et économe en ressources, ainsi que le rendement protégé contre l’inflation qu’elle offre en raison de son exposition à la capitalisation boursière basée à 80% sur les forêts. La meilleure partie de l’arbre est transformée en produits de bois solide dans ses propres scieries. Les résidus sont ensuite utilisés soit dans l’activité pâte à papier et papier, soit pour générer de l’énergie. L’activité fibre du groupe produit de la pâte à papier, du papier et du carton d’emballage, tandis que les résidus sont utilisés pour la production d’énergie. L’avantage climatique est considérable et les opérations de SCA ont permis d’économiser 9,6 millions de tonnes de CO2 en 2020. Les trois principaux modes de génération de valeur de l’activité forestière de SCA sont la récolte (fourniture de matières premières pour l’industrie), l’augmentation du volume sur pied et la hausse de la valeur foncière, qui s’est envolée de 200% en termes réels et de 4 000% en termes nominaux depuis 1956 selon une étude foncière nationale. Ces trois flux de valeur ont permis à SCA de générer un rendement annuel de 10% à partir de ses actifs forestiers depuis 1956. Depuis le début de l’année, le titre s’est apprécié de 13,4%.
NOTE : Les titres mentionnés dans ce document le sont à titre d’illustration uniquement et ne constituent en rien une recommandation ou une sollicitation d’achat ou de vente d’un quelconque titre. Ces titres ne seront pas nécessairement inclus dans le portefeuille au moment de la publication du présent document ou à toute date subséquente.
Sources :
AllianzGI Research, Bloomberg
« Paper and Packaging; Screening for pricing power » (Papiers et emballages ; à la recherche du pouvoir de fixation des prix), 4 avril 2002
« Perspectives on paper and forest products in 2022: How can CEOS navigate today’ era of transformational change? » (Perspectives pour le papier et les produits forestiers en 2022 : comment les CEO peuvent-il faire face au changement transformationnel en cours ?), McKinsey & Company, 4 avril 2022
« Europe’s biggest private forest owner defends harvesting strategy » (Le plus grand propriétaire forestier privé d’Europe défend sa stratégie de récolte), 2 août 2021 https://ec.europa.eu/growth/sectors/raw-materials/related-industries/forest-based-industries/pulp-and-paper-industry_fr
UPM, Seb Equity Research, 28 janvier 2022
UPM, mise à jour des résultats de Canergie, 28 janvier 2022
Sources :
1.Sur la base des indices MSCI EMU pour la zone euro et MSCI Europe pour l’Europe
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Ces informations ne constituent ni une recommandation ni une sollicitation d’achat ou de vente d’un quelconque titre en particulier. Ceci est une communication marketing. Veuillez vous référer aux prospectus des fonds et aux KIIDs avant de prendre toute décision finale d'investissement.
Résumé
Zoom marché : L’hydrogène vert, moteur de la révolution énergétique européenne Commentaires sur les performances des fonds Equity Convictions