Newsletter de l'équipe Conviction Equity - Avril 2021

26.04.2021
Conviction Matters, la newsletter mensuelle de l’équipe Conviction Equity

Résumé

Focus sur les majors pétrolières européennes - Commentaires sur les performances des fonds Equity Convictions


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Majors pétrolières européennes : une route cahoteuse vers les énergies renouvelables

En matière de transition énergétique, les grandes compagnies pétrolières sont depuis longtemps en retard par rapport à d’autres pans de l’économie. Quoi qu’il en soit, la nécessité de se conformer à des réglementations de plus en plus strictes au niveau mondial et européen (Accord de Paris, taxonomie de l’UE) incite bien sûr les géants pétroliers du Vieux Continent à accélérer leurs efforts de recherche et d’adoption des énergies renouvelables. Selon les perspectives en matière de transaction énergétique mondiale (World Energy Transitions Outlook) publiées dernièrement par l’IRENA, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, cette accélération doit donner lieu à une baisse de 85% de la production mondiale de pétrole d’ici 20501. Pour réaliser le scénario préférentiel établi par l’Accord de Paris sur le climat, qui limite le réchauffement de la planète à 1,5°C, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique doit effectivement passer de 14% en 2018 à pas moins de 74% en 20501. Mais où en sont maintenant les majors pétrolières ? Leurs efforts sont-ils suffisants ?

La plupart des géants pétroliers dans l’ensemble du monde commencent à fournir des indications sur leurs projets de dépenses d’investissement à long terme liées à la transition énergétique. En 2025, 16 milliards USD seront consacrés à la transition énergétique dans le secteur, soit 15% du total des investissements. Les géants européens se distinguent, avec un budget d’investissements dédiés aux énergies renouvelables qui devrait déjà atteindre 15% en 2021.

Et les chefs de file sont…6

En termes de production d’énergies renouvelables, le virage le plus impressionnant en valeur absolue est celui qu’opère actuellement Total. En revanche, rapporté à sa taille, le plan d’Equinor est probablement le plus ambitieux. Neste se maintient à l’avant-garde du diesel renouvelable, mais des investissements conséquents devraient aussi être effectués dans ce domaine par Total et Eni.

Total prévoit de porter ses capacités de production d’énergie à faibles émissions de carbone à 35 GW (bruts) d’ici 2025, contre 7 GW en activité en 2020, et 10 GW déjà en projet de construction et de développement. Le groupe devrait ensuite adjoindre 10 GW de capacités supplémentaires par an à partir de 2025. Pour l’instant, les principaux domaines d’action pour atteindre cet objectif sont l’éolien en Europe et en Asie (avec des parcs onshore et offshore) et le solaire dans l’ensemble du monde (notamment en Inde, où des accords ont été conclus récemment avec Adani). En comparaison, BP prévoit d’accroître ses capacités de production d’énergies renouvelables, en les passant de 2,5 GW en 2019 à 20 GW en 2025 et 50 GW en 2030, quand Eni vise actuellement 3 GW en 2023, 15 GW en 2030 et plus de 25 GW en 2034.

Equinor s’est fixé des objectifs parmi les plus contraignants du secteur, en visant la carbo-neutralité des émissions Scope 1 et 2 d’ici 2030 (contre 2050 chez Total et la plupart de leurs pairs européens). Equinor est la seule compagnie intégrée à disposer d’une forte présence sur le marché de l’éolien offshore, qui connaît la croissance la plus rapide dans tout le segment des énergies renouvelables. La société est aussi présente indirectement dans le domaine de l’énergie solaire, grâce à sa participation minoritaire dans Scatec (13,7%). Sa capacité installée devrait être portée à 4-6 GW en 2026 et 12-16 GW en 2035, contre 0,5 GW en 2019. Le segment du diesel renouvelable ne manque pas non plus d’intérêt. Dans une étude récente, Barclays estime à plus de 15% la croissance annuelle cumulée de la demande dans les 10 prochaines années, avec une consommation multipliée par plus de 3 d’ici 20303. Neste, le plus gros fournisseur de diesel renouvelable, calcule que la demande entre 2018 et 2030 devrait être multipliée par 4 pour atteindre environ 20 millions de tonnes par an. La demande est stimulée par des politiques incitatives, comme l’objectif de 14% d’énergie renouvelable visé dans les transports d’ici 2030 dans l’UE4.

2019 – EBITDA, dividendes et dépenses d’investissement (dont énergies renouvelables) en millions USD
2019 – EBITDA, dividendes et dépenses d’investissement (dont énergies renouvelables) en millions USD
2020 – EBITDA, dividendes et dépenses d’investissement (dont énergies renouvelables) en millions USD
2020 – EBITDA, dividendes et dépenses d’investissement (dont énergies renouvelables) en millions USD

Source: AllianzGI, Bloomberg

L’opinion de l’équipe Conviction Equity

Les grandes compagnies pétrolières européennes font des progrès incontestables dans la transition énergétique. Mais ceux-ci ne doivent pas faire perdre de vue la situation générale. L’année 2020 a mis le secteur à rude épreuve, avec des actions qui se sont effondrées de 45% pour BP, de 44% pour Royal Dutch Shell, de 34% pour Eni ou encore de 23% pour Total. Seul Neste, l’une des convictions les plus nettes de l’équipe Conviction Equity cette année, tire son épingle du jeu avec une performance étourdissante de +95% ! Et en réalité, Neste la doit au fait qu’il ne s’agit pas d’un géant pétrolier ordinaire, mais plutôt d’une entreprise « de transition énergétique », comme le considère Barclays.

Malgré des débuts positifs en 2021 (tout le secteur européen de l’énergie s’est redressé de 15% au 1er trimestre), des doutes demeurent quant à la viabilité du modèle économique des géants pétroliers, notamment le rythme de leur repositionnement stratégique en faveur d’un avenir bascarbone et leur rentabilité future. Au regard de la baisse des recettes du secteur entre 2019 et 2020, inutile de se voiler la face : les géants pétroliers doivent sacrifier soit leurs dividendes, soit leurs dépenses d’investissement. À voir l’évolution de ces deux variables depuis 2019 (voir graphiques), il semble que ce sont les dividendes qui seront les plus durement touchés.

Jusqu’à présent, les investisseurs ont soutenu les géants pétroliers en raison de l’importance de leurs dividendes, mais les principaux intervenants de marché institutionnels commencent à prendre des mesures fortes pour décarboniser leurs portefeuilles. Récemment, le protocole de la Net-zero Asset Owner Alliance a rassemblé 30 investisseurs institutionnels signataires s’engageant à remanier leurs portefeuilles d’investissement pour que ces derniers atteignent la carbo-neutralité d’ici 2050. Globalement, les perspectives du secteur ne sont pas particulièrement florissantes, et c’est la raison pour laquelle l’équipe Conviction Equity n’envisage actuellement pas d’y investir, sauf dans Neste, compte tenu de son profil bien plus avancé dans la transition énergétique, qui le distingue nettement des producteurs d’énergies fossiles.

1. « Fossil fuel demand set for rapid decline, IRENA says », Financial Times, 16/03/2021
2. « Integrated Oil – Inconvenient truth », Jeffries, 21/01/2021
3. « Neste – More than biofuel », Barclays Equity Research, 11/02/2021
4. « Renewable Diesel Driving New Volume Growth », Bloomberg, 16/11/2020 6.
5. Ces informations ne constituent ni une recommandation ni une sollicitation d’achat ou de vente d’un quelconque titre en particulier

La revue des Marchés - Mai 2021

06.05.2021
Revue des Marchés

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