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2023 - Prêts pour un nouveau départ
Stefan Rondorf/ 02.12.2022
L’année 2022 a été marquée par de profonds bouleversements : d’une part, le retour de l’inflation, qui a entraîné la fin brutale d’une décennie de taux bas. D’autre part, le retour de la guerre en Europe, qui a déclenché une crise énergétique et accru les incertitudes géopolitiques.
En 2023, les retombées de ces mutations devraient se faire davantage sentir. La probabilité d’une récession aux États-Unis dans le courant de l’année 2023 a augmenté, conséquence du frein conjoncturel imposé par la politique monétaire de la Réserve fédérale et de la baisse du moral des consommateurs induite par la chute des revenus réels. L’inflation devrait avoir franchi son point culminant dans de nombreuses grandes économies, notamment sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie et des biens, ce qui soulagera quelque peu les consommateurs. Les marchés de l’emploi restent toutefois tendus tandis que l’inflation sous-jacente et des services ne devrait refluer que très lentement. Le taux cible de 2 % d’inflation que visent nombre des grandes banques centrales de manière implicite ou explicite semble hors de portée – l’inflation s’est installée dans la durée.
On peut en conclure que les relèvements de taux des grandes banques centrales ne sont pas près de s’arrêter. Les taux directeurs devraient continuer d’augmenter et rester durablement plus élevés que ce qu’anticipent actuellement les marchés monétaires.
Pour les investisseurs, cela pourrait se traduire dans un premier temps par des tensions persistantes sur les marchés. Dans le même temps, cette situation offre l’opportunité d’un nouveau départ, autrement dit une réorientation du portefeuille. Les marchés des emprunts souverains devraient regagner en attractivité dans le courant de l’année à mesure que le cycle de resserrement des taux progresse et que les rendements augmentent. Plus les risques pour la conjoncture et la qualité de crédit sont intégrés dans les spreads des obligations d’entreprises, plus l’entrée sur le marché est intéressante.
Les marchés actions atteignent généralement le creux de la vague durant une récession lorsque les évolutions peuvent être perçues comme étant moins pires que prévu et que le consensus s’apprête à franchir le « mur d’inquiétude ». [en anglais, « wall of worries »]. En attendant, il serait utile que les prévisions bénéficiaires des analystes reflètent les risques accrus de ralentissement conjoncturel. Dans un environnement où emprunter de l’argent n’a plus rien de gratuit, les entreprises aux flux de trésorerie réguliers qui représentent des revenus directs pour les investisseurs redeviennent attrayantes. Des thèmes polyvalents tels que la sécurité nationale, regroupant l’alimentation, l’énergie et la cybersécurité, semblent tout aussi intéressants que les innovations des entreprises qui permettent de mieux résister au changement climatique.
Préparez-vous pour un nouveau départ.
Focus sur les marchés
Allocation tactique actions et obligations
- Les marchés financiers semblent être entrés dans une phase de transition : les craintes inflationnistes diminuent légèrement, tandis que les préoccupations concernant la croissance tendent à augmenter. Sur le plan tactique, cela pourrait signaler une stabilisation des marchés obligataires. Sur les marchés actions, le pic de l’inflation pourrait apporter un répit provisoire, surtout si le ralentissement de la croissance est moins brutal ou se fait attendre plus longtemps que prévu.
- De légers signaux positifs sont perceptibles au niveau des deux chocs de l’offre qui ont pesé sur la conjoncture mondiale en 2022 : les températures clémentes de l’automne et la baisse de la consommation ont quelque peu apaisé la crise de l’énergie en Europe. Dans le même temps, la Chine semble prête à assouplir, avec prudence, sa politique « zéro Covid ».
- Les investisseurs se montrent prudents et les réserves de liquidités semblent toujours élevées. L’absence de mauvaises nouvelles pourrait entraîner la couverture des positions « short » et soutenir les classes d’actifs risquées, notamment les obligations d’entreprises et les actions.
- Les investisseurs axés sur le long terme peuvent se réjouir de l’amélioration des perspectives. La hausse des rendements obligataires et la baisse des valorisations des actions laissent présager une hausse des revenus prévisibles à long terme, sans avoir à émettre d’autres hypothèses, simplifiant dès lors le réajustement en vue d‘un nouveau départ.
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Résumé
Avec une Fed restrictive et une BCE sans complaisance, les banques centrales restent concentrées sur leur lutte contre l’inflation Les deux banques centrales devraient annoncer des hausses de taux de 50bp lors de leurs réunions respectives cette semaine. Les contextes restent toutefois très différents. Dans les deux cas, il faut s’attendre à de la volatilité sur les marchés de taux.
Point clés Etats-Unis : La Fed va rester restrictive • La Fed devrait annoncer une hausse de taux de 50 bp lors de sa prochaine réunion de politique monétaire. Zone euro • Nous anticipons une hausse de taux de 50bp lors de la prochaine réunion de la Banque centrale européenne. |