Résilience
Stefan Scheurer / 04.01.2021
L’année dernière, alors que le conflit commercial sino-américain passait au second plan pour être supplanté par une pandémie mondiale, même les plus optimistes d’entre nous n’auraient pas osé espérer que les marchés financiers feraient preuve d’une résilience aussi remarquable face à la crise la plus néfaste enregistrée depuis la Seconde Guerre mondiale, et pas uniquement sur le front économique.
Certes, certains pays se débattent actuellement avec de nouvelles vagues d’infections et les conséquences des reconfinements, mais l’économie mondiale a dans l’ensemble dépassé le creux de la récession grâce aux mesures de relance monétaire et budgétaire adoptées par les gouvernements et les banques centrales. Ces mesures, tant nécessaires que salutaires, pourraient toutefois avoir des conséquences tardives non négligeables :
1. Les liquidités excédentaires découlant des mesures de relance monétaire ne sont pas restées sans conséquence pour les marchés de capitaux. Citons notamment la valorisation élevée des emprunts d’État aux États-Unis et dans la zone euro dans un contexte de rendements négatifs, qui pourrait s’expliquer par la politique monétaire menée.
2. L’endettement des secteurs public et privé est quant à lui colossal. Si la reprise perdait de la vitesse, les entreprises pourraient éprouver des difficultés à assurer le service de leur dette, entraînant ainsi le risque d’une augmentation des défauts de paiement.
3. L’abondance de liquidités dans le cadre de la politique monétaire, les mesures de confinement imposées en réponse au coronavirus, le conflit commercial persistant et le choc de la demande qui en a découlé sont autant d’éléments qui renforcent le risque d’une augmentation des prix des biens et des services à moyen terme.
Il pourrait encore s’écouler des années avant que l’économie mondiale ne renoue avec son ancienne trajectoire de croissance, brutalement interrompue par le Covid-19. D’autant que la croissance mondiale du produit intérieur brut, après avoir fortement grimpé au T3, a récemment enregistré un ralentissement notable (en raison notamment des nouvelles restrictions imposées en réponse au Covid-19 en Europe et aux États-Unis). En 2021, bien des choses dépendront du moment où des vaccins et traitements efficaces contre le virus seront distribués à grande échelle. Les premières vaccinations sont déjà en cours, notamment en Europe.
Comme l’ont démontré les dernières semaines, le marché s’est avéré extrêmement robuste dans un contexte pourtant marqué par l’incertitude conjoncturelle et politique. Les actions ont d’ailleurs atteint de nouveaux sommets historiques ou post-pandémiques, notamment grâce à l’accord sur un nouveau plan de relance américain, aux progrès réalisés dans les négociations sur le Brexit et au lancement de diverses campagnes de vaccination contre le Covid-19. Cette résilience pourrait toutefois être mise à l’épreuve. Les marchés financiers ont en effet déjà intégré une reprise rapide quoiqu’incertaine et, selon les derniers sondages, le consensus des investisseurs est quelque peu trop optimiste par rapport aux événements passés. Dans un tel contexte, une approche plus diversifiée est nécessaire en 2021 : une approche qui prendra en compte d’autres régions, secteurs et stratégies, et pas seulement ceux qui ont enregistré de belles performances récemment.
En vous souhaitant une résistance à toute épreuve,
Focus sur les marchés
Allocation tactique actions et obligations
- Si l‘économie mondiale a dépassé le creux de la récession, il pourrait encore s‘écouler des années avant qu‘elle ne renoue avec son ancienne trajectoire de croissance, brutalement interrompue par le Covid-19.
- Au cours des prochains trimestres, la résilience de l‘économie dépendra du moment où des vaccins et traitements efficaces contre le virus seront disponibles à grande échelle, ce qui permettra un retour progressif à la normale.
- Les gouvernements et les banques centrales ont réagi à la récession par des mesures de soutien monétaire et budgétaire considérables. Celles-ci sont toutefois susceptibles d‘avoir des conséquences économiques sur le long terme (prix des actifs élevés sur certains marchés, endettements importants, volatilité croissante de l‘inflation, etc.).
- Compte tenu des mesures de grande envergure prises par les banques centrales, les taux d‘intérêt à court terme devraient rester à leurs niveaux extrêmement bas pour l‘instant. La réapparition de la répression financière et la dette publique massive pourraient quant à elles pousser les rendements à la hausse sur la partie longue de la courbe.
- La pénurie de placements exacerbe davantage la quête de rendements. Les actions et les actifs plus risqués devraient en profiter, mais compte tenu des nombreuses inconnues qui persistent, les investisseurs devraient miser pour 2021 sur un portefeuille d‘actions équilibré, qui prend également en compte des régions, secteurs et stratégies autres que ceux qui ont enregistré de belles performances récemment.
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Résumé
La réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) du 21 janvier ne devrait pas donner lieu à de nouvelles annonces, après l’importante recalibration des instruments de politique monétaire annoncée en décembre.
Point clés
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