La revue des Marchés - Juillet 2021

05.07.2021
Revue des Marchés

Résumé

Malgré l’essoufflement relatif du rebond de la dynamique de croissance et le retrait progressif de mesures de relance hors du commun, l’environnement devrait demeurer favorable aux marchés financiers à moyen terme.


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Quatre sommets en vue

Stefan Rondorf / 01.07.2021

Après presque 15 mois de hausse, parfois abrupte, des marchés mondiaux, de nombreux observateurs s’interrogent quant à la pérennité du redressement des actions et autres actifs financiers. Une chose est de plus en plus évidente : un sommet se devine ou se dessine progressivement à l’horizon pour quatre facteurs qui ont permis aux marchés actions de sortir du gouffre de la pandémie. 

 

1. Sommet de la dynamique de croissance : au fil du rebond post-pandémie à l’œuvre depuis le printemps, certains indicateurs économiques, comme les indices des directeurs d’achats, ont atteint des plus hauts records, et les taux de croissance s’établissent souvent à des niveaux très élevés, en raison de l’effet de comparaison avec les chiffres d’il y a un an. Nous prévoyons toujours une croissance robuste et supérieure à la tendance de ces dernières années, mais sa dynamique devrait peu à peu s’essouffler. Ce phénomène devient notamment perceptible aux États-Unis.

2. Sommet de la relance économique : plus le rebond économique est fort, plus les mesures de relance budgétaire et monétaire devraient être remises en question. Après les niveaux records de la relance et des déficits l’an passé, l’élan budgétaire apporté à la croissance mondiale diminue déjà, surtout en dehors des États-Unis. Les principales banques centrales amorcent également le retrait de leurs dispositifs, avec la plus grande prudence : au Canada et au Royaume-Uni, entre autres, les programmes d’achats d’obligations ont été réduits, tandis que des premiers relèvements de taux ont été réalisés au Brésil et en Turquie, par exemple. Même la banque centrale la plus importante au monde, la Réserve fédérale, a signalé dernièrement que la taille de son programme d’achats d’obligations extrêmement généreux serait revue dans le courant de l’année.

3. Sommet de l’inflation : la dissipation rapide des craintes de déflation l’année dernière, visible notamment dans l’augmentation des anticipations d’inflation sur les marchés obligataires, a bénéficié aux actions grâce à leur statut d’actifs réels. Le balancier de l’inflation est désormais orienté à la hausse : l’accroissement brutal des prix des matières premières et du fret ainsi que les pénuries causées par la libération de la demande des consommateurs ont fait grimper les prix en flèche au cours des derniers mois. Cependant, la dynamique des prix des matériaux de construction, des voitures de location, des billets d’avion et des sorties au restaurant devrait finir par s’apaiser, ce qui pourrait fournir aux banques centrales la marge de manœuvre nécessaire pour ajuster leurs mesures de soutien.

4. Sommet de l’optimisme : la faiblesse record des taux et l’abondante liquidité du système ont tiré l’appétit pour le risque de nombreux investisseurs jusqu’à des niveaux historiquement élevés. Les corrections de certains actifs comme les crypto-monnaies ou les entreprises technologiques en manque de rentabilité laissent entrevoir la possibilité d’une dégradation de ces tendances après un point culminant.
En dépit de la perspective de ces sommets, un fait demeure : malgré l’essoufflement relatif du rebond de la dynamique de croissance et le retrait progressif de mesures de relance hors du commun, l’environnement devrait demeurer favorable aux marchés financiers à moyen terme. Un ralentissement, à la suite d’un orage d’été, n’est pas à exclure.

Je vous souhaite un joyeux été.

 

Focus sur les marchés

Allocation tactique actions et obligations

  • Le rebond de l‘économie post-pandémie se poursuit. La dynamique de croissance s‘oriente vers son point culminant dans certains pays, principalement aux États-Unis. En Europe, en revanche, il faudra encore attendre quelques mois. En Asie, les statistiques sont contrastées, car les campagnes de vaccination se déploient souvent plus lentement que dans les pays développés occidentaux. En Chine, le secteur des services rattrape également son retard, mais la consommation intérieure est toujours modérée.
  • Dans l‘ensemble du monde, les taux d‘inflation ressortent supérieurs aux attentes sous l‘effet conjugué des mesures de relance économique et de la libération de la demande, d‘une part, et des contraintes d‘approvisionnement liées à la pandémie, d‘autre part. Même si cette tendance pourrait durer plus longtemps que prévu, une part considérable de la dynamique d‘inflation est probablement de nature passagère. L‘inquiétude qui en résulte sur les marchés obligataires devrait s‘apaiser, alors que les perspectives à moyen terme des actions restent positives, en raison de la dynamique solide des bénéfices.
  • En tant que banque centrale la plus importante, la Réserve fédérale doit réaliser un exercice de haute voltige : dans le cadre de sa nouvelle stratégie de ciblage d‘inflation moyenne, elle a annoncé que les taux d‘inflation pourraient dépasser 2 % dans les années suivant la pandémie pour « rattraper » son retard, mais elle doit aussi veiller à ce que les anticipations d‘inflation demeurent bien ancrées. Ce facteur pourrait avoir un impact important sur la volatilité des marchés dans les mois à venir.
  • La collecte des fonds actions au niveau mondial devrait rester stable, tandis que les liquidités en réserve dans des fonds monétaires ou obligataires sont encore abondantes.

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